Dimanche
Tout commence le dimanche vers 3 heures du matin. Le Gille est tout d’abord visité par son bosseur (ou bourreur). Celui-ci remplit méthodiquement à l’aide de paille d’avoine ou d’escourgeon aussi bien l’avant que l’arrière de la blouse du Gille. Le bosseur s’affaire pour que les deux bosses forment un ensemble parfait.
C’est ensuite, en général, l’épouse ou la maman du Gille, qui va parachever l’habillage notamment par la pose de la barrette, du bridon, de la collerette et de l’apertintaille. Vous retrouverez et visualiserez ces termes en cliquant sur ce lien « costume ». En dernier lieu c’est le grelot qui est attaché à la blouse. Ce dernier geste symbolique signifie que le Gille est prêt.
Les amis invités auront pendant ce temps investi la maison pour saluer comme il se doit le Gille qui sera bientôt le roi du Carnaval.
Au loin, on entend le tambour qui arrive accompagné d’une grosse caisse et d’une clarinette.
Chaussé de sabots garnis de renons, le Gille rejoint le pas de la porte pour accueillir ses amis Gilles qui viennent le chercher. Laetare commence !! Embrassades, émotions : le dimanche matin de carnaval est chaque année le début d’une aventure extraordinaire. La clarinette joue l’aubade matinale, un des 26 airs classiques de Gilles, celui-là étant uniquement réservé au dimanche matin. Le Gille tient alors en main son ramon, ensemble de petites branches de bouleau liées par du rotin. Après avoir dégusté la première coupe de champagne, le « ramassage » se dirige vers la prochaine maison ou le même rituel va se renouveler.
Vers 7 heures, tous les ramassages d’une même société se rassemblent pour ne plus former qu’un groupe homogène. A cet instant se fait entendre le martèlement cadencé des sabots sur le sol ainsi que le tintement rythmé des sonnailles et des grelots. A l’un ou l’autre ami, le Gille lance son ramon. C’est un honneur que de l’attraper et ensuite venir le rendre à son propriétaire après une embrassade amicale.
Un peu plus tard, c’est la prise des masques. Les Gilles sont maintenant tous socialement égaux. Il faut vivre cet instant sacré pour en saisir toute la force. On dit que le Carnaval symbolise la mort de l’hiver, la lutte contre les mauvais esprits et le futur avènement du printemps.
Vient ensuite un premier instant de repos, c’est le moment du petit déjeuner. Huîtres et champagne pour certains, petit déjeuner plus classique pour d’autres, mais le principal est de reprendre des forces pour la dernière partie de ce dimanche matin. Vers 10 heures, les musiciens arrivent. Trompettes, bugles, trombones, tubas et autres instruments vont interpréter les 25 autres airs de Gilles.
Le moment est venu de changer d’accessoire, le gille laisse son ramon pour s’affubler d’un panier en osier qu’il va remplir d’oranges et distribuer celles-ci sous forme d’offrandes au nombreux public venu grossir les rangs sur les trottoirs de la cité.
C’est également à ce moment que vont apparaître les fameux chapeaux garnis de leurs plumes d’autruche. Certains sont immaculés, d’autres sont colorés selon le choix du Gille qui le porte mais l’ensemble est harmonieux et somptueusement panachés sous les rayons du soleil.
D’autres sociétés sont également de sortie. Les Paysans arborent un pantalon blanc ainsi qu’un sarrau bleu et un petit chapeau munis également de quelques plumes d’autruches. Accompagnés de dames représentant la Paysanne, ce groupe va également défiler au son des airs de Gilles.
C’est vers 10 heures 30, que toutes ces sociétés vont se diriger vers la Place Communale pour participer au traditionnel rondeau du dimanche matin qui a lieu vers 12 heures 30. Après cette apothéose, les Gilles rentrent « en ramassage » pour goûter à un repas et à quelques moments de repos bien mérité.
Car vers 16 heures 30, c’est à nouveau reparti pour danser et s’amuser pour une soirée qui s’annonce à nouveau festive.
En effet, vers 21 heures aura lieu, toujours sur la Place Communale, un feu d’artifice grandiose qui régalera les petits et les grands.
La journée du dimanche touche à sa fin et les Gilles vont s’en retourner vers leur domicile. Car lundi matin ce sera un nouveau départ vers une longue journée.
Photos du ramassage et du rondeau général du dimanche matin @Crédit photos: Benjamin Brolet, Lionel Rousseau et Fanny Bombart
Lundi
Lundi matin
Dès 10 heures, les sociétés se retrouvent dans le centre ville, certaines avec leur seule batterie et d’autres en batterie et musique. Le lundi matin est un moment intime et privilégié par les louviérois. Ceux-ci viennent retrouver leurs parents et amis gilles et savourer ensemble le temps de l’apéritif. Après avoir visité quelques cafés donateurs, les sociétés se disloquent vers midi, et en ramassage ou en cagnotte, les gilles partent vers le lieu de leur déjeuner.
Lundi après-midi: Le cortège
L’après-midi, dés 17 heures, composé de toutes les sociétés locales, le cortège démarre de la place Maugrétout avec à sa tête, les géants D’Jobri et D’Jobrette, symboles folkloriques de la ville. Suivent ensuite les Paysans et enfin les sociétés de gilles.
Depuis le carnaval 2015, une société d’enfants agrémente le cortège du lundi après-midi, elle se trouve juste devant les géants. Les enfants sont déguisés avec des costumes qui rappellent les anciennes sociétés louviéroises ayant existés dans les différents quartiers de la ville mais disparues ce jour. Cette société ayant reçu un accueil très positif, la décision a été prise de la pérenniser.
Toute la région du centre et des environs est mobilisée à ce rendez-vous pour assister à cette sarabande haute en couleurs.
Les gilles, coiffés de leur magnifique chapeau de plumes d’autruche colorés à leur souhait ou resplendissant de blancheur, offrent au public des oranges par milliers.
Les Paysans ne sont pas en reste pour mettre l’ambiance dans ce cortège.
A la fin du cortège sur la place Mansart, un gigantesque rondeau fait le bonheur de tous les spectateurs. Toutes les sociétés de gilles y participent.
Enfin, après s’être quelque peu restaurés, les gilles des différentes sociétés animeront le centre ville..
Ensuite, participants et spectateurs communieront ensemble pour vivre une deuxième folle nuit de carnaval jusqu’aux petites heures du mardi matin.
A La Louvière, on danse, on chahute,…bref on s’amuse.
Photos du lundi matin et du cortège du lundi après-midi @Crédit photos: Benjamin Brolet, Lionel Rousseau
Mardi
Il est 11h00 lorsque les carnavaleux se retrouvent rue de Belle-Vue pour participer à l’apéritif confetti. Les organismes ont déjà été bien sollicités, mais un regain de forme les pousse vers ce moment familial de détente très attendu avant de se retrouver pour la dernière ligne droite du carnaval. Ce sont des sacs entiers de confettis qui sont déversés sur un public nombreux jamais rassasié !
Photos du mardi après-midi et du brûlage des bosses du mardi soir. @Crédit photos: Benjamin Brolet, Lionel Rousseau
Vers 16h00, toutes les sociétés se rassemblent pour animer une dernière fois les rues de la ville et se rendre inéluctablement vers le point final du carnaval. C’est pourtant tout sauf une après-midi morne car à côté des sociétés de gilles en costume traditionnel, les travestis des Amis Réunis rivalisent d’imagination et apportent avec la société des Paysans une touche de couleur dans les rues de la Cité. Vers 21h30, le public venu en nombre va assister auprès des uns au brûlage des bosses – tradition typiquement louviéroise*, ou auprès des autres au rondeau final. Tout cela accompagné de feux d’artifice qui rivaliseront de couleurs en plusieurs endroits de la ville.
* Le soir tombé, devant le local de certaines sociétés, un mannequin revêtu du costume du gille et bourré de paille est suspendu au-dessus d’un tas de paille. Les sociétés forment alors un cercle autour du bûcher, le Président de la société s’avance pour allumer le brasier, l’ensemble des gilles se tenant par la hanse du panier dansent au tour du feu en alternant les airs gais et les plus tristes qui rappellent à tous que le carnaval touche à sa fin.
La fin des rondeaux et des brûlages de bosses est également l’occasion de saluer nos amis musiciens qui nous quittent alors, seules les batteries accompagneront les derniers courageux jusqu’au bout de la nuit et les reconduiront à leur domicile un peu avant l’aurore. Lorsque l’aube se lève, le carnaval a vécu, mais le suivant hante déjà les esprits des participants !